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Comportements indignes

QUAND les rapports entre les députés atteignent les sommets les plus inimaginables de la bassesse, quand les élus de la nation à qui les Tunisiens ont confié la mission de les représenter au Parlement et de faire valoir leurs attentes et leurs espérances perdent tout sens de la mesure et du respect mutuel et quand le dialogue sérieux est supplanté par les insultes et les atteintes à l’intégrité morale jusqu’à reprocher à une représentante du peuple la profession de son conjoint qu’on présente comme déshonorante, dégradante ou humiliante, l’on est en droit de tirer la sonnette d’alarme et de mobiliser les bonnes volontés qui croient encore en l’utilité du Parlement actuel afin d’agir et de crier un non catégorique aux agissements irresponsables et aux dépassements inadmissibles commis par certains députés qui confondent malheureusement critique et atteinte à la dignité d’autrui.

On aura dénoncé à satiété les comportements indignes affichés, ces derniers jours, sous la coupole du palais du Bardo, dus dans leur majorité aux divisions, aux dissensions marquant la scène politique nationale et traduisant fidèlement — ayons le courage de le dire — les agendas des uns, les ambitions démesurées des autres et aussi les calculs étriqués des parties qui orchestrent, au vu et au su de tout le monde, les faux conflits et les polémiques fabriquées de toutes pièces entre tel parti et telle coalition ou, pire encore, entre les représentants de la ceinture parlementaire ayant porté Elyes Fakhfakh au palais de La Kasbah.

Et les politologues et analystes de soutenir que dans la pratique politique, même entre alliés ou partenaires, il n’existe ni interdits ni tabous quand il s’agit de se positionner ou de marquer des points en prévision de l’avenir. Sauf qu’il existe également des seuils à ne pas dépasser, des lignes rouges à ne jamais franchir et aussi une éthique commune à respecter à tout prix.

Chercher à déshonorer un adversaire politique et à le discréditer en lui reprochant  la profession de son conjoint, en l’occurrence un haut cadre sécuritaire, comme si faire partie de l’institution sécuritaire constituait une tare ou un emploi déshonorant que l’on doit cacher, participe malheureusement de la persistance d’une mentalité que l’on croyait révolue à jamais considérant à tort, d’ailleurs, les hommes et les femmes exerçant au sein de l’institution sécuritaire comme des citoyens maudits qu’il est conseillé d’éviter de fréquenter, de peur d’être taxé de collaborateur avec la police, aux dépens des citoyens dits honorables.

Il est désolant de constater que cette mentalité répandue, faut-il le souligner, au sein de certains milieux autoproclamés «révolutionnaires et gardiens du temple des vérités infuses» est toujours de mise dans d’autres espaces plus ouverts, à l’instar du Parlement.

Un comportement indigne d’une institution aussi prestigieuse que l’ARP parce que constituant un déni inacceptable des sacrifices consentis par les sécuritaires dans le combat national antiterroriste et des martyrs sécuritaires tombés sur le champ d’honneur pour que ceux qui insultent aujourd’hui leur mémoire puissent vivre en Tunisie où règnent les valeurs de démocratie, de liberté et aussi de dignité.

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